La recherche est plurielle et dynamique. C’est le défi ambitieux et risqué que l’Unité de Recherche Environnement et Développement (EnvDev) du Département des Études Économiques et Environnementales (DEE) du Centre National d’Éducation, organisme de recherche en sciences sociales sous tutelle du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (Cameroun), se propose aujourd’hui de relever en traitant de « la protection de l’environnement au Cameroun ». Il s’agit là d’un sujet actuel et factuel qui a bénéficié d’une analyse dans ses dimensions législation et jurisprudence, acteurs, actions et coopération.
En effet, le 20 mai de chaque année civile, le Cameroun célèbre son Unité Nationale. Pour l’édition de l’An 2022, le pays a commémoré les festivités y relatives sous le signe du « cinquantenaire » (1972-2022) ce, au moment où il s’est doté d’un nouveau cadre de développement pour l’atteinte de son émergence à savoir la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30). En vue de réaliser la « transformation structurelle et le développement inclusif du pays », cet important outil de planification stratégique contient un volet « Environnement et protection de la nature » qui ne saurait laisser indifférent le chercheur. Aussi, il aurait fallu qu’on s’en intéressât. S’il est établi que la protection de l’environnement est inscrite dans les politiques publiques de développement au Cameroun, son étude mérite de ce fait de retracer son histoire et ses avancées : l’idée étant de ressortir les marqueurs de la protection de l’environnement au Cameroun à travers le triptyque état des lieux, enjeux et perspectives. Pour ce faire, le sujet traité par ce numéro thématique de la Revue Pluridisciplinaire Africaine de l’Environnement amène les contributeurs à retracer ses trajectoires (I) et dimensions opérationnelles (II).
I. Les trajectoires de la protection de l’environnement au Cameroun
L’activité de protection de l’environnement au Cameroun a des origines lointaines comme l’attestent la volonté politique et les traductions qui en sont faites. En effet, inscrite dans le préambule de la loi constitutionnelle camerounaise de 1996 qui n’a fait que reprendre ses devancières, l’État se voit investi bien avant son accession à l’indépendance, de l’obligation de garantir à chacun des citoyens un environnement sain, pan des politiques publiques confié à part entière au Ministère de l’environnement comme en témoignent ses principales mutations et acte législatif le structurant, et soutenu par d’autres sectoriels et acteurs publics et privés. À la lecture du Décret n°2012/431 du 1er octobre 2012 portant organisation du Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED) ; l’article 1 (2) dispose qu’il « est responsable de l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière d’environnement et de protection de la nature, dans une perspective de développement durable (…) ». Il en découle une double trajectoire législative et organique.
D’abord, la trajectoire Législative. En marge de la constitution de 1996 avec sa modification intervenue en 2008, et des nombreuses conventions internationales ratifiées par le Cameroun ; ce pan non négligeable des politiques publiques est encadré au Cameroun par la loi n°96/12 du 05 août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l’environnement, et de nombreux autres textes à l’instar du Code minier de 2016 qui traitent chacun d’une composante spécifique de l’environnement, et du nouveau Code pénal de 2016 qui s’intéresse à l’aspect répression.
Ensuite, la trajectoire organique. En 1992, l’on assiste à la création d’un Ministère de l’Environnement et des Forêts. Puis, suivra en 2004 la création d’un Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MINEPDED) ; qui deviendra en 2011 et jusqu’alors le Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable. Parallèlement, il faut souligner que courant 2009, sera créé par décret du Président de la République l’Observatoire National des Changements Climatiques (ONACC). Et plus proche de nous, l’année 2019 marque l’entrée en vigueur du Code général des collectivités territoriales décentralisées qui va accentuer le processus de décentralisation avec en prime, le transfert des compétences aux communes et régions dont celles en matière de gestion et protection de l’environnement.
II. Les dimensions opérationnelles de la protection de l’environnement au Cameroun
Le Cameroun s’intéresse à tous les pans de l’environnement à savoir les organismes vivants et l’impact des activités humaines sur la nature. C’est ainsi qu’on note un engouement pour les questions de changements climatiques, développement durable, de gestion des déchets, de préservation des écosystèmes, de pollution, … Etc.
Par ailleurs, le cadre opérationnel des dimensions matérielles ci-dessus sommairement déclinées, s’identifie en une importante activité de coopération interne et internationale auxquelles il faut ajouter les actions des nombreux acteurs privés et publics qui partagent une certaine affinité matérielle avec les sectoriels en charge de la question. S’agissant de la coopération interne, le ministère de l’environnement fait la part belle aux initiatives individuelles et de la société civile en faveur de la protection de l’environnement. C’est ainsi que l’accompagnement et l’appui aux associations et organismes qui s’emploient à la réalisation du droit à un environnement sain a toujours été d’actualité, et ne cesse de croître au fil des années au regard de l’urgence affirmée en faveur de la protection de l’environnement ; il faut ajouter à cela l’intervention de certains segments de l’appareil étatique à savoir le Parlement et l’Armée. En ce qui concerne le volet international de la protection de l’environnement, il faut dire que le Cameroun a su marquer de son empreinte ce pan de ses politiques publiques devenu très vite une préoccupation internationale. Qu’il s’agisse des initiatives sous régionales, régionales et davantage internationales ; le Cameroun a toujours su faire entendre sa voix à travers une intense activité de « diplomatie verte » reposant sur les canaux classiques et nouveaux. La participation aux rencontres internationales à l’instar des Conférences des Parties (COP), ou encore du récent sommet sur la gouvernance des aires protégées à Kigali au Rwanda ; sont autant d’évènements qui traduisent sa volonté à protéger l’environnement.
Au demeurant, l’idée de la parution de ce numéro spécial de la Revue Pluridisciplinaire Africaine de l’Environnement (RPAE) sur le thème fort évocateur de « la protection de l’environnement au Cameroun » que coordonne l’Unité de Recherche Environnement et Développement (EnvDev), est une initiative à encourager ; car elle participe de l’information du public sur l’action gouvernementale en matière de protection de l’environnement, la participation du sous-secteur recherche à la protection de l’environnement, la vulgarisation des résultats de la recherche, mais davantage s’inscrit dans une logique d’évaluation des politiques publiques de protection de l’environnement au Cameroun. Vivement que les résultats de cette recherche inspirent le politique et l’ensemble des acteurs en vue d’une véritable « révolution verte » au Cameroun.
Bonne lecture !
Hervé MVONDO MVONDO, Ph. D, Chargé de Recherche
Chef de l’UR Environnement et Développement, CNE-MINRESI (Cameroun)
herve.mvondo@yahoo.fr