Ce huitième numéro de la Revue Pluridisciplinaire Africaine de l’Environnement est dédié à « la protection de l’environnement au Cameroun ». Il est réalisé en collaboration avec l’association Jeunesse Africaine pour l’Environnement et l’Unité de Recherche « Environnement et Développement » du Centre National d’Éducation (CNE), organisme de recherche en sciences sociales sous tutelle du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation du Cameroun (MINRESI).
Dans un premier temps, le régime de la préservation de l’environnement camerounais s’analyse par le biais des activités législative et juridictionnelle.
Ainsi, la problématique des déchets toxiques et dangereux préoccupe particulièrement l’État camerounais du fait du déversement de plusieurs tonnes de substances dans le pays. L’adoption de la loi n°89/027 du 29 décembre 1989 sur les déchets toxiques et dangereux a créé des moyens d’anticipation des comportements susceptibles de réduire les atteintes à l’environnement, notamment par l’application de sanctions. En effet, la consolidation des instruments répressifs et une nouvelle approche efficace s’est fait attendre tant marquée par une impuissance dans le traitement pénal de la délinquance environnementale. Pour répondre à ce défi, un autre mécanisme a été mis en œuvre en droit pénal camerounais à savoir la transaction pénale. Cette nouvelle justice consensuelle joue un rôle primordial dans la protection de l’environnement qui continue de causer un problème au regard du mauvais usage des fonds issus de ladite transaction destinée à la réparation des dommages environnementaux causés. Pourtant, cette transaction est née du besoin de conciliation entre la protection de l’environnement avec la nécessité de développement économique et social du Cameroun. Par conséquent, les juges camerounais exigent la preuve de ce que la transaction a été préalable à leur saisine dans le cadre du pré-contentieux environnemental. Dans la sphère environnementale, les sols et le sous-sol sont également menacés et il est important de les protéger pour les générations présentes et futures. Dans ce sens, le législateur camerounais a adopté des stratégies de prévention et de répression. Tant le Code de l’environnement que le Code pénal camerounais constitue des éléments d’une protection efficace de l’environnement. Des sanctions administratives, civiles et pénales ont été instituées caractérisant l’ampleur de la criminalité environnementale au Cameroun.
Dans un second temps, plusieurs acteurs institutionnels et de la société civile jouent un rôle nécessaire dans la protection de l’environnement au Cameroun.
L’État du Cameroun à travers le Ministère de l’environnement concoure à une gestion forestière durable par la mise en œuvre de l’initiative REDD+. Ainsi, l’État du Cameroun demeure l’acteur central qui pilote le processus d’implémentation du REDD+. À l’échelle locale, les communes ont hérité des compétences en matière de gestion de l’environnement. Mais, les agents communaux disposent de moyens insuffisants pour assurer la gestion de l’environnement, du fait de la faible allocation budgétaire dans cette matière. Dans le cadre de la conservation de la biodiversité au Cameroun, les actions de l’armée sont également à comptabiliser. L’État devrait élaborer une véritable politique publique militaire en matière de biodiversité. De plus, l’adoption en 1994 de la loi instituant la décentralisation de la gestion forestière, a permis aux communautés villageoises d’être partie à la gestion des forêts communautaires en vue d’en assurer une protection substantielle pour un développement local.
Enfin, dans un troisième temps, des actions sectorielles en matière d’environnement au Cameroun sont marquantes.
Tout d’abord, l’intervention militaire pour préserver la faune sauvage dans le Parc National de Bouba Ndjidda (PNBN), car la pression des activités de l’Homme a impacté négativement l’habitat naturel. Puis, l’avènement des collectivités territoriales décentralisées au Cameroun, par exemple dans la ville de Bangangté où l’assainissement urbain semble mieux maîtrisé, du fait du renforcement de la gestion du tri ménager. Aussi, les problèmes d’assainissement des eaux usées constituent un souci majeur, face à l’absence de système de collecte régulière, de transport et de traitement dans une station d’épuration : ce qui expose les populations à des risques sanitaires et environnementaux. Soulignons que dans le contexte camerounais, la conscience écologique est tributaire du besoin social de consommation: l’action environnementale est fonction des représentations que chaque individu se fait de son environnement. Pour exemple, le sciage du bois a un fort impact sur l’environnement, car les déchets produits sont utilisés par 60 % de la population, comme sources d’énergie. Ce sont les femmes camerounaises qui l’utilisent à 70 %. L’État camerounais devrait s’assurer que les citoyens vivent dans un environnement sain car il y a des risques environnementaux (pollution de l’air ou problèmes de santé). Par conséquent, l’économie circulaire appliquée à l’environnement permet la récupération des déchets divers, à l’instar des déchets plastiques non biodégradables. Au Cameroun, l’économie circulaire est assurée par les actions des organisations non gouvernementales, des entreprises publiques et privées agréées. À l’Extrême-Nord du Cameroun, depuis 1985 la question de la gestion durable de l’environnement se pose du fait du besoin de recyclage des os bovins pour prévenir les dégâts sur l’environnement. À Lagdo, l’occupation du sol est un outil pertinent pour comprendre les dynamiques des écosystèmes, et de l’environnement, notamment dans le cadre des opérations menées pour atténuer la détérioration de l’environnement. Une autre problématique est celle liée aux effets des interactions existantes entre trois régimes internationaux de la Francophonie, de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE) dans la mise en œuvre de la politique environnementale au Cameroun.
In Revue Pluridisciplinaire Africaine de l’Environnement, La protection de l’environnement au Cameroun, n°8, Avril 2023, pp. 7-8.
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Chancia TREMOUILLE IVALA
Juriste
Présidente Jeunesse Africaine pour l’Environnement