L’examen du processus de financement de la protection de l’environnement dans ses sources et ses modalités d’accès par les acteurs environnementalistes en Afrique permet de questionner les usages et la nature des projets qui en sont mobilisés, afin d’optimiser la protection de l’environnement. Dans cette optique, la dernière COP 27 qui s’est tenue en novembre 2022 en Égypte sur le continent africain a abouti à l’adoption d’une décision[1] concernant les modalités de financement pour répondre aux pertes et dommages associés aux effets néfastes du changement climatique, notamment en mettant l’accent sur la gestion des pertes et dommages.
Ce septième numéro de la Revue Pluridisciplinaire Africaine de l’Environnement a apporté des développements sur la promotion des finances vertes en Afrique noire pour d’une part convaincre les non environnementalistes que les problèmes environnementaux sont prioritaires et d’autre part que l’approche des sciences de l’environnement permettent de mieux comprendre les phénomènes environnementaux à travers leurs facteurs et leurs manifestations. De plus, la 26ème conférence des Parties (COP) tenue à Glasgow en novembre 2021 en Ecosse marquait encore l’intérêt porté sur la finance environnementale par la Banque Mondiale (BM) et la Banque Africaine de Développement (BAD) qui s’explique par la nécessité de parvenir à une décarbonisation au cœur de la transition verte, notamment à travers l’implémentation d’un système numérique financier. La transition vers une économie durable constituant l’un des objectifs majeurs de notre siècle, les investissements verts sont un instrument de réalisation d’un développement durable justifié au travers des actions écologiques concrètes menées et financées par ces dits investissements verts particulièrement en Afrique où ceux-ci sont très incertains.
Par exemple, en Algérie des réformes récentes ont été engagées afin de favoriser le verdissement de l’économie. En effet, l’investissement vert, comme défi face aux changements climatiques, se place comme une trajectoire de choix pour sortir du path dependence dont souffre le pays. Ainsi un bilan de la prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux est dressé dans les stratégies d’investissement en Algérie. Par contre, au Cameroun la lutte contre la désertification appelle des moyens financiers d’accompagnement bien supérieurs aux capacités de mobilisation budgétaire des pays en développement ; car l’accès au financement est généralement jugé difficile par les acteurs en raison d’un certain nombre de contraintes qui limitent l’exploitation des opportunités existantes. Il s’agit également de savoir comment comprendre la résilience de la problématique de la préservation de l’environnement au Cameroun en dépit des initiatives mises en place par l’État : cette résilience est liée à l’incompétence de l’Etat dans les actions qui lui sont confiées. Enfin, la finance scolaire environnementale contribuerait à améliorer la protection juridique des ressources végétales par la finance scolaire au Bénin à travers la proposition d’une réglementation en la matière.
Dans la rubrique VARIA de ce septième numéro de notre revue, est analysée la situation de la masse de déchets produite, dans la ville de Bafoussam au Cameroun, qui a augmenté suite à la croissance démographique et aux activités associées. Cette augmentation des déchets ménagers et autres conduit à une pollution liée à leur stockage, du fait de la décharge non contrôlée. L’applicabilité d’un tri sélectif des déchets pourrait réduire d’un peu plus de 75% la masse de déchets mis en décharge grâce à leur valorisation et permettrait ainsi de déboucher sur une économie circulaire. En outre, a été traité la thématique du droit international de l’environnement reposant sur des principes directeurs environnementaux qui peuvent a priori être perçus comme des normes juridiques particulières. De ce fait, l’application de ces normes juridiques soulève d’importants problèmes juridiques, lesquels posent la problématique d’un droit international de l’environnement ineffectif et inefficace. Aussi, compte tenu de la transversalité du traitement de ladite problématique et les singularités des formes d’action publique qu’elle suscite, les États du monde par les différentes conventions et engagements politiques ont adopté le principe de précaution et son corollaire le principe pollueur- payeur qui implique leur responsabilité à la cause environnementale. Cela étant, les politiques se sont engagés au niveau national à mettre en œuvre des initiatives plurielles efficaces pour préserver l’environnement ; à l’échelle du Cameroun, la problématique environnementale à l’épreuve de la sincérité des acteurs publics qui s’y sont engagés est fortement discutée. A Kikwit, une ville de la province du Kwilu en République Démocratique du Congo est régulièrement impactée par des érosions en masse provoquées par une mauvaise urbanisation, favorisées par un relief de plateau et un climat abondamment pluvieux. En effet, des glissements identifiés ont occasionné des pertes énormes de parcelles, d’infrastructures et équipements collectifs ainsi que des pertes en vies humaines. Enfin, une réflexion a été faite sur les populations africaines confrontées aujourd’hui à une insécurité foncière sociale et juridique à travers l’exemple de l’Église catholique, acteur foncier prépondérant, qui se voit de plus en plus agressée matériellement et symboliquement à cause de son patrimoine foncier : le contentieux foncier au Cameroun semble important devant les institutions juridictionnelles qui souhaiteraient réguler cette violence sur le foncier.
[1] UNFCCC, Sharm el-Sheikh Climate Change Conference – November 2022, Funding arrangements for responding to loss and damage associated with the adverse effects of climate change, including a focus on addressing loss and damage, Decision -/CP.27 -/CMA.4 : https://unfccc.int/sites/default/files/resource/cma4_auv_8f.pdf.
In Revue Pluridisciplinaire Africaine de l’Environnement, Les avenues de la finance environnementale africaine, n°7, Décembre 2022, p. 7.
Pour commander un exemplaire du 7e numéro de notre revue.
Chancia IVALA PLAINE
Juriste
Présidente Jeunesse Africaine pour l’Environnement